Les CNEP : qu'est-ce ?

En aucun cas, ces informations ne se substituent à l’avis, le diagnostic ou le traitement médical d’un professionnel de la santé.

Une Crise Non Epileptique Psychogène (CNEP), c’est quoi ?

La CNEP est la forme la plus courante du Trouble Neurologique Fonctionnel (TNF). Jusqu’à 30des patients qui consultent en neurologie en seraient atteints. Ces troubles sont dûs à une anomalie dans la transmission de l’information entre les régions cérébrales qui gèrent les émotions et celles qui contrôlent le système moteur et sensitif. De ce fait, les TNF et les CNEP concernent autant la neurologie que la psychiatrie.

Quelle différence entre la crise d’épilepsie et la Crise Non Epileptique Psychogène (CNEP) ?

La crise d’épilepsie est dû à une anomalie électrique ou à un problème organique dans le cerveau.

La Crise Non Epileptique Psychogène, elle, est provoquée par un dysfonctionnement du cerveau qui ‘déconnecte’ pour se protéger d’une détresse émotionnelle insurmontable. Certaines parties du cerveau cessent alors de fonctionner correctement ensemble. 

Est-ce une maladie fréquente ? 

Oui : sur une ville de 300 000 habitants (comme Montpellier ou Nantes), 60 à 150 personnes font des crises non épileptiques psychogènes.

Comment s’exprime une CNEP vue de l’extérieur ?

 

Le plus souvent, la personne convulse comme les patients épileptiques : des mouvements saccadés des bras, des jambes, de la tête, et du tronc avec ou sans perte de conscience.

La personne peut aussi avoir simplement un regard vide, une absence de réaction et de mouvement. 

Le médecin qui effectue le diagnostic doit prendre en compte un ensemble de symptômes complexes avant de conclure à une CNEP.

 

Quelles sont les différences majeures lors des crises entre épilepsie et CNEP ?

 

-la durée : alors qu’une crise d’épilepsie dure de quelques secondes à 2 minutes, une CNEP peut durer plusieurs heures.

-lors d’une CNEP les yeux sont en général fermés

-les mouvements latéraux de dénégation de la tête sont plus fréquents dans le cas d’une CNEP

-pendant une CNEP, il est possible que le patient pleure ou parle ; c’est plutôt rare dans le cas d’une crise d’épilepsie.

-les patients peuvent être conscient de certaines choses mais ne pas pouvoir réagir ou parler :  il y a déconnexion entre corps et cerveau.

C’est au professionnel de santé qui prend en compte un ensemble de paramètres complexes de conclure à une CNEP ou pas…

Y a-t-il des signes avant-coureurs d’une crise ? 

 

La plupart des personnes sentent les crises arriver : par exemple il peut y avoir des symptômes physiques de panique alors que le malade ne se sent pas anxieux (tremblements, sueurs, cœur qui bat vite ou fort, sensation d’étouffer, nausée, douleurs abdominales ou thoraciques).

Le malade peut aussi souffrir de sensations particulières (perception d’odeurs fortes par exemple) ou de symptômes dissociatifs (sensation d’être éloigné de soi-même ou de se regarder de l’extérieur).

Les sensations et symptômes physiques avant-coureurs peuvent être nombreux et différer selon les crises.

Qui est plus susceptible d’être atteint de CNEP ?

-80% des malades ont entre 15 et 35 ans

-70 à 80 % sont des femmes

-10 à 30 % ont souffert ou souffrent aussi d’épilepsie

-certains malades souffrent de stress post traumatique

-nombreux sont ceux qui ont vécu des abus physiques, sexuels ou émotionnels

Mais chaque malade a un profil et une histoire qui lui est propre.

Qu’est-ce qui est le plus important à comprendre ?

La CNEP est une VRAIE MALADIE. Bien que la crise soit dite ‘psychogène’, le patient NE SIMULE PAS : la crise est hors de son contrôle et échappe à sa volonté.

Quels sont les facteurs déclencheurs des crises ? 

 

-des états physiques (fatigue, maladie),

-des facteurs externes (comme des lumières clignotantes ou un bruit excessif),

-des émotions (comme un sentiment de contrariété, d’anxiété ou de honte),

-des pensées,

-des souvenirs pénibles inconsciemment rappelés à la personne qui voit, goûte ou sent quelque chose par exemple.

Le cerveau ‘déconnecte’ et se protège d’un traumatisme ou d’un conflit conscient et/ou inconscient. Ensuite le cerveau peut prendre l’habitude d’échapper de cette façon au stress et à la douleur émotionnelle et les crises peuvent se reproduire encore et encore.

Comment diagnostiquer une CNEP ? 

Un expert se servira de ce que le patient ou les témoins des crises décrivent, des enregistrements vidéos d’une crise typique et de tout autre examen complémentaire permettant d’écarter une cause physiologique autre.  

Crise Non Epileptique Psychogène, vraiment ? 

Il peut être difficile de comprendre comment un état physique peut être lié à des émotions.

Le malade n’INVENTE pas et ces crises ne sont pas ‘dans sa tête’. Les CNEP sont une vraie maladie avec des traitements reconnus. 

Comment soigne-t-on les CNEP ? 

 

Les antiépileptiques ne fonctionnent pas.

Il est souvent nécessaire de consulter un psychiatre ou un psychothérapeute pour apprendre à gérer le stress et les émotions. Les thérapies cognitives comportementales par exemple fonctionnent bien.

Le suivi est alors réalisé à la fois par un neurologue et un professionnel de la santé mentale.

Comment expliquer aux autres qu’on est atteint de CNEP ? 

 

On peut dire qu’on fait des ‘sortes de crises d’épilepsie’ : ces crises échappent à notre contrôle et ne sont pas causées par les mêmes choses.  Quand on assiste à ce genre de crise, il est inutile de prévenir les secours, il vaut mieux rester calme et rassurer le malade. 

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